L’ambivalence de L’œuvre genetienne


Kasap Ö.

RumeliDE Dil ve Edebiyat Araştırmaları Dergisi, sa.39, ss.1146-1154, 2024 (Hakemli Dergi)

Özet

Jean Genet et son œuvre ont longtemps été sources de controverses. Son œuvre dramatique que des critiques rapprochent des idées d’Antonin Artaud se construit essentiellement autour du « rituel » qui propose une forme authentique de critique sociale surtout dans Les Bonnes (1947), Le Balcon (1956), Les Nègres (1958) et Les Paravents (1961). En détruisant ainsi l’illusion scénique, il rend impossible la distinction du vrai et du faux dans un univers où sont mis sur scène des criminels, des prostituées, des voleurs et des traîtres. Il crée sur la scène théâtrale un univers inverti de valeurs où on se plaît à exalter le mal. Ce mal qui se concentre essentiellement dans « l’acte » et surtout dans « la parole » du personnage se voit représenté, la plupart du temps à travers la figure de l’Autre, dans un excès de haine et de violence gratuite, le tout attisé par la trahison. Ce travail se propose d’étudier, en utilisant les facteurs constitutifs de la dramaturgie genetienne, cette mise en scène du mal et ses diverses facettes, à savoir cette perpétuelle haine sur laquelle se construit l’intrigue. Pour mener à bien cette étude, nous nous baserons sur la conceptualisation de Raymond Federman qui définissait le théâtre de la haine genetien mais aussi sur le goût à la trahison tel que le met en évidence Ivan Jablonka dans son étude Les vérités inavouables de Jean Genet.

Jean Genet and his work have long been a source of controversy. His dramatic work, which critics have likened to the ideas of Antonin Artaud and especially his plays like The Maids (1947), The Balcony (1956), The Blacks (1958) and The Screens (1961) are essentially built around ritual, offering an authentic form of social criticism. By destroying the illusion of the stage, he made it impossible to distinguish between truth and false in worlds where criminals, prostitutes, thieves and traitors were put on stage. He creates an inverted world of values on the stage, where evil is exalted. This evil, which is essentially concentrated in the actions and above all the words of the character, is represented, most of the time through the figure of the Other, in an excess of hatred and gratuitous violence, all fuelled by betrayal. Using the constituent factors of Genet’s dramaturgy, this study will examine the staging of evil and its various facets, namely the perpetual hatred on which the plot is built. To carry out this study, we will draw on Raymond Federman's conceptualisation of Genet's “theatre of hatred”, as well as on Ivan Jablonka's “taste for betrayal” which is analysed in in his study Les vérités inavouables de Jean Genet